◄ Nom complet: Ernestine, la petite chose fragile qui glisse entre les jupes de sa mère, et sur le sol en pierre rouge du salon de grand-mère. Violine qui s'évertue à danser au milieu des autres, qui saisit des mains de foule dans le tourbillant incessant de son cœur. Et ces deux filles se couchent au son de la pluie, et ne font plus qu'une. Ernestine Violine Depluit.
Âge: Vingt-deux ans, et elle a encore cet air d'enfant. Date et lieu de naissance: Le premier décembre, au cœur de Paris, doucement retirée d'un corps maternelle par des mains un peu moins parisiennes.
Origines: Pleinement parisienne, un peu moins française car on lui raconte toujours que sa tante a beaucoup voyagé : elle doit certainement tenir d'elle, et venir d'un peu partout. Nationalité: Française.
Activité professionnelle: Exploratrice, elle a envie de dire. Actrice, fleuriste, détective! Elle a toujours des souhaits d'enfant. Etudes: Prépa littéraire parisienne, qui a précédé la joyeuse École du Louvres qui n'a jamais vraiment voulu d'elle, mais aujourd'hui, partie si loin du berceau parisien, elle n'a toujours pas pensé à reprendre des études.Statut financier: Elle ne préfère pas y penser, plus facile de croire que le compte ne peut être vidé, que jamais son porte-monnaie n'a le ventre vide.
Etat civil: Albertin, joliamoureux, lui est resté en France. Il ne court pas assez vite. Orientation sexuelle: Elle n'a jamais aimé autrement les femmes que d'une manière respectueuse, et les hommes avec cet air d'intriguée.
◄ Qualités et défauts: idéaliste, vive, joyeuse, attentionnée, trop naïve, capricieuse, peureuse, fragile.

one day baby, we'll be old

Si j'étais un objet, je serais un briquet de type zippo, que l'on voit toujours aux mains des galants dans les films. Et toujours, il tend une flamme à une élégante potiche, dont le fume-cigarette tremble de satisfaction. Adorable scène que j'ai vu des millions de fois dans les films d'antan. Je ne pourrais dire le nombre de fois où j'ai rêvé de me tenir à leur place, de recevoir la flamme d'un parfait inconnu.

Si j'étais une saison, je serais l'hiver, lors duquel les mains sont bleues, les joues roses, et les membres endormis dans le froid sauvage. Je serais la neige sublime qui se niche dans les cheveux des petits enfants, fait trembler le cou des aventureux. Mon vent glacial sera aussi autoritaire que mille chiens de l'enfer, ordonnant à tout être d'obéir à un câlin universel, à des milliers de couples formés sous le joug de ma gentille hostilité.

Si j'étais un animal, je serais un lévrier, qui pourfend son environnement quoiqu'il arrive. Le gracieux animal qui court, qui vole. Le sol, sous ses pas, n'est rien. J'admire sa fantastique détente, son inépuisable course qu'il mène contre tous. Ainsi, je n'aurais personne pour me rattraper, ni pour me morigéner ! Et tout ça, car j'irais bien plus vite, tout en me drapant d'élégance.

Si j'étais une chanson, je serais Mr Sandman et cet air entêtant des années cinquante. Une foule de voix féminines, qui une fois écoutées ne peuvent être enlevée de la tête, et ainsi jamais ignorées. Car souvent, mes parents oubliaient d'écouter mes babillages incessants – ainsi qu'ils étaient dénommés, et je devais me répéter. Maman disait alors que j'étais capricieuse, à vouloir être entendue au delà de toute autre conversation. Mais moi, je pense pas que j'étais, suis, comme ça. Ce n'est pas du caprice que d'avoir une voix et de la faire entendre, c'est du bon sens, donc ce serait très drôle si je pouvais être cette chanson.

Si j'étais une devise, je serais Carpe Diem. Seize the day ! Suck the marrow out of life ! Ah, ce merveilleux film qui a changé si drastiquement la vision d'une petite fille. Je me souviens encore de la petite boule d'enfance, emmitouflée dans mille et une couvertures, la respiration calme de ma mère, et le délice de ce film. Depuis ce jour, je n'ai cessé de jurer par Carpe Diem, par les mille et uns apprentissages qui me sont venus à l'esprit, par la grandeur dont je me suis sentie pleine après le douzième visionnage. C'est sans doute à cause de ce film que j'ai envie de partir aujourd'hui, que je vais abandonner Albertin. Avec lui, on sirote notre thé et on ne bouge jamais. On ne déclame rien et au final on n'est pas grand chose.

Si je devais me transposer dans un film, ce serait Inglorious Basterd. Évidement, ça a été dur de choisir entre ça et mes Poètes Disparus, qui à l'oreille me chantent d'adorables Carpe Diem. Assurément que mon cœur se brise quand je viens à faire un choix. Mais faut bien être réaliste – mon Papa me l'avait si souvent dit, je vais rien gagner à me transposer dans une école préparatoire dans le Vermont pour garçon. J'ai pas une tête de garçon, si ? Puis, si je veux m'enfuir dans les bois pour déclamer de la poésie, ça je peux le faire à tout âge. Alors que bon, aujourd'hui je ne peux pas m'envoyer dans le passé, et être une grande détective : à chaque fois que je vois les Bâtards, je m'imagine comme l'énième larron féminin dont l'arme sera son cerveau. Je me plais à dessiner des millions d'histoires héroïque où j'aurais un rôle d'agent double absolument fantastique, autant un agent de liaison qu'une justicière au grand cœur. Une vie comme ça, j'aimerais beaucoup.

Si je devais avoir un pouvoir digne des X-Men, ce serait celui de Mystic. Car ce serait l'occasion de mener une vie de farces sucrées comme personne ne l'ose : je crois que je pourrais me lasser de prendre l'apparence de célébrités, et surtout celle de Leonardo Dicaprio. J'irais me voir au cinéma, bien au milieu du monde, et dès que le film serait bien avancé j'interpellerais ma voisine pour me plaindre de l'acteur principal. Juste pour voir la tête de la spectatrice qui se demandera certainement une bonne vingtaine de fois si elle n'a pas rêvé. Ou celle de Voldemort ! Je me planterais en plein milieu des rues de Londres, et franchement je serais très heureuse de mesurer l'ampleur de mes blagues. Et puis, je me changerais aussi en Albertin pour aller dire à cette jolie fille qui la regarde tout le temps qu'il veut pas d'elle. En fait, ce pouvoir-là c'est la liberté, car c'est la prison d'être tout le temps la même personne.

RÈGLES À RESPECTER POUR SURVIVRE À ERNESTINE.
01. Ne pas lui faire remarquer qu'elle commence la moitié de ses phrases par « car », et l'autre par un adverbe souvent mal utilisé.02. Ni qu'elle a toujours une voix de petite fille, et la manière de s'exprimer allant avec. 03. Pas la peine de rapprocher le fait que son ourson en peluche – amputé d'un oreille, s'appelle Albertin. Comme son amoureux. On se contentera de dire que c'est une belle coïncidence, et pas un acte désespéré. 04. Ne pas lui demander pourquoi Albertin a tendance à regarder pleins de jolies filles, juste car elle sait pas vraiment pourquoi. 04 bis. Ni s'ils sont vraiment ensembles, car là Albertin l'ourson risque de perdre une autre oreille.05. Ne pas lui reprocher la terrible odeur que donne un parfum à la Fleur d'Oranger, la cigarette froide, la thé Pomme d'Amour, et le Shalimar dont s'asperge Albertin. C'est pas sa faute, elle aime juste se trimballer avec tout ce qu'elle aime, même si c'est indigeste. 06. Ne pas lui demander une cigarette, car elle risquerait de bien vous morigéner, tout en fumant une elle-même. 07. Ne pas lui demander le moindre fait historique, ni même plus infime vérité : sa langue de petite fille déforme tout, et voilà une bonne plâtré d'aventures rocambolesques. 08. Ne pas critiquer, ni atténuer la grandeur cinématographique d'Inglorious Basterd, ni de Dead Poet Society, car ce sont les préférés de sa Maman et d'elle même. 09. Autant généraliser : ne pas critiquer, ni refuser, ni faire de reproches à Mademoiselle Princesse Détective Inquisitrice Dresseuse de Fauves Jolie Potiche Guerrière Japonaise Ernestine Violine Depluit, comme elle s'est joliment nommée. 10. Cette liste est évidement exhaustive, et je vous conseille pour éviter ses foudres de ne pas trop la côtoyer.

story-telling is the new trend

J'ai envie de partir, de courir. Que mes beaux souliers se usent mille fois encore, que les semelles s'arrachent ! Que les larmes du voyage creusent mes sentiers foulés. J'ai envie de parcourir la Terre à en crever. Mais Ernestine elle s'élance en rêve, car toujours elle est à cette table en coin de terrasse, le menton soutenu par une main tremblante de tristesse, et une jambe en balancier. Parfois, un rayon de soleil se perd sur l'argent de ses chaussures de petite fille. Souvent, à cette place, elle attend. Des milliers de personnes, des centaines de choses. Elle y apprête ses déceptions les plus tordantes, ses amours les plus dégringolants, et ses joies d'enfant. Et aujourd'hui, rien ne diffère : elle attend. Le thé fumant sous son nez, qu'elle ignore. La cigarette brulante à ses doigts qu'elle boude. Quand on la laisse seule trop longtemps, elle ferme les yeux et le monde devient statique : elle seule est mobile. Elle s'imagine enlever ses babies, serrer la bandoulière de son sac tout contre son cœur et partir. Comme à chaque fois, un petit sourire triste nait sur son visage. Et, comme peu souvent, son ami n'est pas trop en retard. « Nestine ! » Qu'il la hèle depuis la rue, la faisant sursauter : elle a les réactions de l'enfant qu'elle n'a jamais cessé d'être. C'est pour ça qu'il m'aime bien, car je suis plus que lui une petite fille. Le gentil jeune homme avec une bouche en joie, jamais contenue, s’assoie en face d'elle. Ils se regardent dans le blanc des yeux pendant une éternité. Il est encore plus immobile que le reste de la Terre. Il n'a pas le corps qui galope quand on le tient pas, ni les jambes qui frétillent quand on les utilise. Pourquoi il veut jamais courir, Albertin ? Pourquoi il veut toujours la quiétude des lieux de foule ? Un garçon de café vient interrompre ce moment d'intimité qu'aucun des deux ne partage. Elle a déjà son thé pomme d'amour, et lui il veut un lait chaud. Aucun des deux n'a jamais commandé quelque chose de normal, dans la beauté des cafés parisiens. Pourtant il devrait aimer, il est pas comme tout le monde Albertin. Il devrait aimer courir. S'enfuir. Elle le regarde, lui, cette peinture sans cadre. « Dis Albertin ? » Il est toujours très attentif quand elle lui demande quelque chose. Comme si ces quelques questions cachaient une vérité merveilleuse. Une prophétie sans pareille, elle croit. Il lui a même pris la main, c'est pour dire qu'il se sent concerné ! « Pourquoi tu n'aimes pas courir ? » Il ne s'y est pas attendu. Même, il semble ne pas comprendre, être perdu au milieu d'un désert d'interprétation. Pourquoi t'es un nigaud, Albertin ? Elle n'aime quand il fronce les sourcils, mais elle a peur de dire qu'elle déteste ça. C'est un verbe trop  fort, qui violente sa gorge. Alors, elle le dit pas. « Je... tu sais très bien que j'ai toujours eu de mauvais notes en sport, je vois pas p.... pourquoi tu me demandes... » Il bredouille tout en baissant la tête. C'est mignon quand il rougit, on voit presque plus ses tâches de son. Ernestine lui fait une pichnette sur la joue. « Albertin, tu ne penses pas que c'est un moyen de partir ? Ça fait perdre moins de temps que d'attendre toute sa vie le bon train, ou même le wagon adéquat. » Toujours une grande décision, quand ils se demandent directement l'avis de l'un ou de l'autre. Et lui, il le comprend très bien : ça se voit sur ce visage de garçonnet de vingt-trois ans. Il a lâché la main de son amie, et ses yeux sont moins guimauve, et plus acide. Albertin est fâché ? Albertin a tendance à beaucoup laisser passer de fantaisies, pourtant. « Ernestine, ma Ernestine... Pourquoi tu veux partir à tout prix ? »

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J'ai toujours cette question qui flotte, qui me trotte. Je veux bien comprendre mon Albertin, qu'il se demande comme ça quel diable j'ai dans le corps. Maman me disait souvent que j'avais un petit lutin qui me faisait faire tant de cabrioles. Je crois qu'il est encore là aujourd'hui, car je n'aime peu rester en place. J'ai envie de dire que je déteste, mais ce sont des mots un peu forts. Je crois que je ne supporte plus beaucoup Paris, même si ses rues sont belles. La rue Crémieux, c'est la plus jolie, avec ses couleurs guimauves. Les cages d'escaliers que j'ai descendu à m'en faire des grosses traces rouges sur les genoux. Puis, à l'âge de quinze ans, j'ai refait fait ça avec Albertin : il est si gentil de m'avoir suivi. Aujourd'hui encore, je ne suis en mesure de vous dire lequel a le plus aimé partager ma petite enfance à l'adolescence. Enfin, ça lui a tellement plût qu'il m'a embrassé une semaine plus tard. Je me souviens encore de la timidité qui a fait trembler ses lèvres. Pourtant c'est pas bien compliqué, étant donné que j'ai vu mes cousines le faire très souvent. En tout cas, j'ai trouvé ça adorable. Depuis ce jour on n'a jamais cessé de s'embrasser. Donc je suppose que ça me ferait bizarre de partir en l'abandonnant dans Paris. Le pauvre, c'est simplement grâce à moi qu'il sait comment rejoindre sa faculté d'histoire. Du coup, je l'accompagne tous les matins, et je suis toujours un peu en retard pour mes cours. Même si je sais que le laisser est vilain, qu'il va se perdre des millions de fois, ça n'apaise pas mon envie de courir. Alors, il devrait venir avec moi. Je ne sais pas si c'est possible d'arracher un petit parisien à ses petits cafés de coin de rue. Je pense que les parisiennes vont beaucoup lui manquer, il aime toujours regarder leur bon style. Faut toujours essayer, je crois.

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Mon petit Albertin,

Je sais que tu dois pas être content. En vrai j'ai rien fait de mal tu sais. Je t'ai dit si souvent mon envie de courir. Décrite avec des millions d'autres mots, pour que tu comprennes. Mais tu y es resté insensible.
Alors, je décide que tu verras mieux ce que je voulais dire si je partais pour de vrai. Ma maman m'a toujours dit que les gens comprennes d'un coup, quand ils sont confrontés à la chose directement. C'est vrai que j'ai réalisé la mort de papa en voyant son cercueil : avant j'en étais pas du tout convaincue. Une fois que tu auras pensé, comme moi j'ai fait après son enterrement, je suis certaine que tu voudras bien me rejoindre. C'est bien la Californie. Je sais que tu n'aimes pas trop le soleil, mais je suis certaine qu'à l'ombre d'un parasol, ça doit être très agréable. Et puis, avec une boisson fraiche. En plus, c'est très joli Long Beach, j'ai vu plein de photos. Tu te demandes bien ce que j'irais faire là-bas, hein ?  Pourquoi je n'aime plus notre Paris, Paris la nuit, Paris le matin, Paris le jour ? Je ne te le dirais que quand tu m'auras rejoints.

Promis, quand tu seras là-bas,
jamais je courrais loin de toi.

Ta Nestine.

PS : je sais très bien que tu as de bonnes petites économies, et que tes parents ont un porte-monnaie béant ouvert. Ne laisse pas la radinerie te décourager.

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Prénom/Pseudo: Ève, Votre Altesse. | Âge: Dix-huit. | Pays: France. | Avatar: Lily James | Groupe: Holden Caulfield | Type de personnage: inventé Le mot de la fin: écrire ici.