(no sound without silence) philip

philip + madison
we were raised by wolves

Elle l'observe, depuis le bar.
Il s'est un peu invité, mais Maddie n'en veut pas à Phil. Après tout, pas de chichi entre eux. Ils se sont toujours bien entendus, et malgré ce qu'on dit sur l'incapacité de rester amis après avoir eu une histoire, ils ont prouvé le contraire en conservant une bonne entente, basée sur la confiance et l'intimité autrefois partagée. Son premier amour. Quand elle y songe, Madison sourit souvent, tant ça lui semble loin, tant celle qu'elle était lui parait être une étrangère.
Elle l'a fait asseoir. Il a ramené des sushis, ça n'va pas forcément bien ensemble, mais elle a sorti une bouteille de blanc pour l'occasion. Ça fait un petit moment qu'elle ne l'a pas vu, mais c'est toujours un plaisir. Pourtant ce soir, elle sent bien qu'il est venu pour parler. Pour se confier. Kasper lui fait encore la fête, sans grimper sur le canapé – sinon, il sait qu'il va se faire engueuler. Maddie est très stricte avec lui. Recalé au programme de dressage policier, c'est pas pour autant qu'elle veut le laisser faire tout ce qu'il veut. Elle ouvre la bouteille avec aisance, la ramenant sur la table basse. Au passage, elle attrape deux verres. Elle est en jogging, elle n'avait rien prévu ce soir avant d'entendre la sonnette de sa porte d'entrée. « Qu'est-ce que tu racontes, Sinclair ? » demande-t-elle avant de s'asseoir à côté de lui, l'air détendue. Elle n'a pas pris ses médicaments, mais comme elle va boire un peu, elle préfère les oublier pour ce soir. Elle dormira avec la lumière, de toute façon. Comme toutes les nuits.
Elle lui serre un petit verre, avant d'ouvrir le sachet contenant le divin repas. Elle adore les sushis et il semble s'en souvenir. En découvrant ses préférés, elle lui offre un clin d'oeil et un sourire rayonnant. Maddie fait partie de ses personnes au coeur chaud, au sourire brûlant, au regard complice et chaleureux. Elle a si froid de l'intérieur, de n'avoir que des bras volages pour entourer ses frêles épaules qu'elle essaie de faire tenir droites malgré-tout, sans jamais montrer aucun de ses tremblements. Mais elle dégage une chaleur naturelle, désinvolte, sans se soucier de ne rien avoir en retour. On lui a toujours appris à donner plutôt qu'à recevoir. Elle installe tout devant eux, baisse un peu la chaîne de musique qui diffuse un léger bruit de fond (elle n'aime pas le silence lorsqu'elle est seule chez elle). Elle pose une main presque tendre sur celle de Philip, pour le forcer à croiser son regard clair. « Allez, raconte-moi tout. » lui intime-t-elle, insinuant qu'elle sait pourquoi il est là. Non qu'elle pense de Phil qu'il soit un profiteur qui ne vient la voir que lorsqu'il en a besoin, puisque ce n'est de toute façon pas le cas. Elle détache son regard de son visage, et ses mains fines attrapent deux baguettes qu'elle fait claquer entre elles, l'encourageant avec un sourire aussi doux qu'il est réservé, contrôlé. Comme si, depuis un an, Maddie ne vivait plus qu'avec un masque. Pour ne pas montrer qu'une épreuve que ses collègues qualifient de « normale » et inévitable à un moment de sa carrière l'a brisée, profondément choquée.

Depuis le temps qu'il connaissait Maddie, elle était l'une des seules personnes dont il ne se méfiait pas. Elle avait été la première fille qu'il avait réellement aimé, la première avec qui il avait eu ce qu'on pouvait appeler une relation amoureuse. Maddie comptait réellement pour lui et si le temps avait passé depuis l'époque où ils avaient été un couple, il la considérait aujourd'hui toujours avec autant d'attention et de bienveillance. Ils se connaissaient et ils pouvaient se parler de tout. C'était donc naturellement qu'il était venu s'adresser à elle suite à ce qu'il avait renommé le "scandale Lucrèce". Il avait laissé ça dans un coin de sa tête mais au final, il ne pouvait pas s'empêcher d'y penser puisque cette satanée Lucrèce lui manquait et que la situation actuelle avec elle l'agaçait.
Il avait débarqué chez Maddie avec des sushis précieusement choisis, il connaissait ses goûts, savait lesquels elle préférait, et elle fût plutôt contente de le recevoir chez elle malgré son étonnement. Evidemment, elle avait rapidement compris que quelque chose trottait dans la tête de Philip et avec son éternel bonne humeur, elle s'était installée près de lui après avoir ouvert une bouteille de vin blanc et servi deux verres. Il leva les yeux vers elle lorsqu'elle posa sa main sur la sienne, l'invitant à lui confier le fond de ses pensées, et il pinça quelques secondes les lèvres, hésitant à remettre encore de côté tout ça, oublier, ne pas y penser, faire comme si de rien était. Il attrapa à son tour une paire de baguettes et prit un premier sushi entre les deux bâtons avant de prendre la parole " Luc m'a fait une scène l'autre jour... En fait, elle a essayé de me faire comprendre qu'elle voulait quelque chose de sérieux et... J'avais compris, j'y avais réfléchis et je me disais que dans le fond, pourquoi pas, ça fait un moment qu'on se voit alors si elle veut officialiser... J'étais plutôt partant, sauf qu'en gros, elle s'est vraiment emballée autour de toute cette histoire d'officialisation, " il trempa le sushi dans la sauce sucré avant de n'en faire qu'une bouchée. Il l'avala et releva les yeux vers Maddie " Tu vois, elle me laissait sous entendre que comme je voulais pas d'une vraie relation avec elle, il était possible qu'elle examine d'autres options et je l'ai retrouvé allongée contre mon coloc. Donc ça m'a énervé et... Elle s'est énervée aussi. En gros elle m'a reproché de croire qu'elle voyait quelqu'un d'autre alors qu'elle a tout fait pour que je le crois. Elle a monté tout ce truc avec mon coloc pour voir ma réaction et quand elle l'a vu, ça lui a finalement pas convenu, et elle est partie. Donc je t'avoue qu'elle me fatigue un peu. " il soupira en attrapant un autre sushi et demanda à Maddie, " C'était pas aussi compliqué entre nous, hein? "