Elle court, elle court, la maladie d'amour... Ouais, que dalle. Elle ne court rien du tout, ouais. Elle est inexistante et c'est très bien comme ça. En plein milieu d'une des salles de sport de la ville, je cours jusqu'à en perdre haleine. Le regard perdu dans le vide, je cours jusqu'à la sortir de ma tête, elle, Babylone. C'est peine perdue, mais je continue tout de même. Elle va bien finir par arrêter de me pourrir l'esprit. C'est beau de rêver. Je ne fais pas attention à ce qui m'entoure, j'ai déjà bien à faire avec mes propres soucis pour me préoccuper de ce qui se déroule autour de moi. Ça fait une bonne vingtaine de minutes que j'ai lancé le tapis de course, vingt minutes que je suis totalement déconnecté de la réalité. Enfin, jusqu'à ce qu'une voix jusqu'à côté de moi me ramène dans la salle de sport. « Putain de bordel, tu vas fonctionner... » Je quitte mes pensées loufoques avec mademoiselle Bloomsday et je tourne la tête. La demoiselle à ma droite semble désespérée devant son tapis de course. Un rire pointe le jour entre mes lèvres. Je repose mon regard devant moi, bien décidé à l'ignorer totalement. Je ne vais pas pas non plus m'occuper d'elle, y a des mecs qui sont payés pour ça. Je continue de courir comme si de rien n'était, pas la peine de me traiter d'enflure, je suis loin d'être le seul à me préoccuper principalement de moi. Personne ne vient l'aider, elle me ferait presque de la peine. Raaaah. Je soupire et je dois avoir un élan de générosité, genre, je veux changer mon karma et faire en sorte qu'il m'arrive de belles choses pour changer. Genre, la disparition de Baby de ma vie. 'fin est-ce que ce serait vraiment un truc bien ? Bref, je ne vais pas penser à la jolie blonde, pas maintenant. J'éteins mon tapis, le rythme ralentit et quelques instants après je suis à l'arrêt. Je me tourne enfin vers la jolie brune et je lui adresse un bref sourire (oui, j'ai décidé qu'un sourire pouvait être bref). « Le tapis ne veut pas de toi. » que je lui sors en riant très légèrement. Je l'observe un peu plus. Merde. Je la connais. J'essaie de faire fonctionner ma mémoire, mais autant dire que c'est compliqué. Des nanas, j'en ai croisé des tas et je n'arrive pas à savoir où est-ce que je l'ai croisée. Une soirée peut-être ? J'ai couché avec elle ? Tiens, ce ne serait pas la première nana que j'oublie (shame on me !) « On se connait ? » C'est pas vraiment une question, non, c'est juste moi qui tente de faire fonctionner ma mémoire et gosh, ce n’est pas si évident. Je descends de mon tapis de course et je m'approche du sien. Je regarde le tableau de commande, ce n’est pourtant pas si dur de le faire fonctionner. Si ça se trouve, elle est juste là pour la forme et elle n'a aucune envie de courir. Genre, la nana qui fait croire que la machine ne fonctionne pas, alors qu'elle ne veut juste pas courir ! Alors que je me fais un film débile, j'ai une soudaine illumination, c'est bon, les souvenirs me reviennent. « Ah mais oui, t'es une chanteuse, non ? » Je l'ai croisé à une soirée un peu trop alcoolisée comme la moitié de mes soirées, je ne lui ai pas parlé, mais sa voix a rythmé une bonne partie de la nuit. « Faut croire que tu gères mieux le micro que les tapis de course ! » Je la connais de nulle part, pourtant je lui parle comme si c'était le cas.