Sous son visage d'ange se cache en réalité un être bien triste et bien décidé à faire souffrir tous ceux qui l'entoure. Oksana fût une jeune femme pleine de vie et constamment souriante, autrefois. Elle est devenue bien plus sombre depuis les tragiques évènements survenues en Ukraine. ◄ Oksana est la benjamine de la famille. Née exactement quatre minutes après sa sœur jumelle Klara, cela fait d'elle le deuxième et dernier enfant de la famille. Une famille heureuse, joyeuse, aimante et par-dessus tout cela, une famille agréable où les membres s'entendaient et s'aimaient plus que tout. Une de ses familles unie, soudée, que rien n'aurait pu séparer. ◄ Tout s'écroula un affreux jour d'hiver. Oksana n'aime pas parler de ce jour, tout comme elle ne supporte pas de parler de sa famille. C'est une peine bien trop immense qu'on lui afflige en évoquant simplement les termes de "famille", "ukraine" ou même "vie". Elle a cessé de penser à sa vie de citoyenne ukrainienne, même si ses racines sont très importantes à ses yeux, elle ne l'avouera à personne. Ce jour-là, un accident de voiture décima la famille. Oksana fut la seule survivante, ses parents noyés et Klara l'abandonnant aux portes de l’hôpital. Elle avait appris la terrible nouvelle que quelques jours plus tard, lorsqu'elle s'était enfin réveillée. Abasourdie, apeurée et parfaitement déboussolée. Cette rude partie constitue l'un des lourds secrets de sa vie. ◄ Le retour à la réalité, l'acceptation fût difficile. Devenir indépendante, vivre seule, s'assumer, autant de choses qu'Oksana n'avait jamais vécu. Garnir un compte bancaire sans même savoir travailler, en étant encore scolarisée, ce n'était pas chose facile. Quant à cette ville, il lui était désormais compliquée d'y vivre sereinement. La peur de conduire, la peur des transports (même en communs) la glaçait sur place. Après de longs mois à tenter de survivre, bien qu'entourée des derniers amis encore présents, ce fût de trop. Une vente accélérée de la maison familiale, un travail qui l’éreintait, cette vie qui la tuait à petit feu. Elle prit la décision de partir. Après de long combat avec les administration, elle finissait par acquérir sa green card. Un nouveau départ, pour une nouvelle vie, sur un nouveau continent, dans une nouvelle ville. Et pourtant. ◄ L'éternelle peur de souffrir à nouveau, de perdre un être cher, de devoir subir à nouveau la volonté du divin. Cette peur était toujours bien présente, bien ancrée dans sa poitrine. Oksana repousse absolument toutes les personnes qui tentent dorénavant de l'approcher. Comme un moyen de se protéger, de garder ses secrets pour elle quitte à ternir son image auprès des autres. Quitte a être froide et sans cœur. Elle le protège du mieux qu'elle peut. Une histoire compliquée. Une sorte de double personnalité. Elle s'attarde les soirs à pleurer leur disparition, les matins elle s'amuse à tenir tête aux passants dans la rue. Des mots crus, des insultes, des vulgarités, appelez cela comme vous voulez. ◄ On dit toujours que ce n'est pas bien de noyer son chagrin dans l'alcool, que ça ne sert à rien. Qu'on se bouffe l'esprit en même temps que la santé. Pour elle, peut-être que ça ne sert à rien, peut-être que ça ne lui fait que du mal. Que c'est à cause de cet alcool, qu'elle finit retourner après deux verres. Peut-être que ça lui causera des ennuis, qu'il finira par lui arriver quelque chose. Mais tant que ça n'arrive pas, elle s'en fiche. Elle boit un verre, puis deux, puis trois, puis souvent ça s'enchaine encore et encore, frôlant le coma éthylique. De toute façon, qu'a-t-elle à perdre désormais ? ◄ Parfois, elle dégaine une clope de sa poche. Elle aime aller se promener dans les bois et fumer une clope ou deux, s'asseoir sur un rocher et contempler la solitude qui l'entoure. Parfois, elle aimerait avoir quelqu'un à ses côtés, mais dans cette ville, personne ne connait rien d'elle. ◄ Elle vit seule, dans le quartier de Westside, dans une sorte de maisonnette. Quelque chose de suffisamment petit pour elle, mais d'agréable tout de même. Quelques-une de ses économies sont passées par là. Un endroit différent de la vieille maison familiale, où elle s'y sent un peu mieux. ◄ Elle songe à adopter un animal. Félins, canidés, rongeurs. Peut-être même reptiles. Une source d'affection ne serait pas de trop. Elle fait davantage confiance à l'animal qu'à l'Homme. Quoi de mieux qu'une boule de poils ou d'écailles à chérir. Peut-être même qu'elle l'appellera Léon. ◄ Reprendre ses études en Californie. C'était sa première pré-occupation, obtenir une place à l'université dans la section sociologie pour y continuer son master. Un domaine particulier certes mais qui lui tenait à cœur. Elle est consciente que sans études, elle n'ira pas loin. ◄ Son accent ukrainien est fortement présent, on peut même avoir des difficultés à la comprendre parfois. Elle a de bonnes notions d'anglais tout de même, l'ayant presque toujours appris. Elle emploi souvent des mots en ukrainien pour s'adresser à ceux qui l'entoure. Comprenez qu'elle n'est pas ravie de votre présence et qu'elle peste de votre ignorance. ◄ En possession d'un permis, elle le garde caché au fond d'un placard. Impossible pour elle de toucher au volant d'une voiture. Elle se déplace la plupart du temps à bicyclette. Pas le mode de transport le plus pratique ou le plus rapide, mais sans doute celui qu'elle trouve le plus sûr. Même si quelques chutes peuvent arriver. ◄ Les peines de cœur ne l'ont pas épargnés. Comme beaucoup, elle a été déçu. Aujourd'hui, elle est seule. Et c'est bien ainsi. Elle n'est pas encore prête à s'enticher, pas même non plus à laisser quelqu'un venir mettre la pagaille dans sa nouvelle vie. Quant à écarter les cuisses ? Pas son activité favorite. ◄ Elle aime s'enrouler dans la couette devant la télévision avec un grand verre de chocolat. Un truc bien calorique, devant de vieux films. Comme au bon vieux temps. Elle a aussi pour habitude de dormir nue ou de trainer en pyjama les dimanches. Faire la vaisselle tous les trois jours lorsque l'évier est rempli, accumuler une montagne de bordel avant de tout ranger. Faire le ménage uniquement quand c'est sale. Une vie de jeune désespérée qui se fout de tout.